Récapitulatif des évadés du temps Parties 1

Publié le par Max Crabouif

12.08.2011

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Arsène Minet est, comme moi je le suis avec Ernest, l'indéfectible compagnon de route de Marcel Paindragon.

Marcel s'est évadé d'une maison de retraite où ses petits enfants l'avaient relégué pour en finir avec lui lorsque survinrent ses 85 printemps.
C'est à dire il y a 14 ans .
Et oui.. l'a tenu le coup le vieux!
Heureusement qu'il y avait Arsène

Le pauvre crabouif a survécu jusqu'à aujourd'hui et bien plus tard grâce  au bidule inter-spatio-temporel qu'il découvrit un jour planqué dans un aven au coeur des Monts Lozère....

L'engin, lorsqu'il le trouva, était dans un état pitoyable ; complètement dézingué.
Marcel, assisté du jeune matou , décida de passer tout son temps libre à rénover et réparer le véhicule.
C'est seulement au bout de dix ans qu'il découvrit un second engin, décoré de croix gammées, encore plus abimé que le premier.

Marcel avait beaucoup connu les nazis pour cause de guerre et de résistance.
Après la seconde guerre et l'effondrement de Berlin les hauts dignitaires du régime qui semblaient avoir disparu à tout jamais se seraient-ils réfugié dans le continuum espace/temps?

Voilà une question à laquelle ni Arsène ni Marcel ne pouvaient encore répondre à ce moment précis de l'histoire.

Ils décidèrent de démonter "la bécane à croix gammées " et d'utiliser ses pièces pour réparer la première machine qu'ils baptisèrent "l'Arsène et Marcel number-one".
Je sais : ça n'est pas très original mais c'est leur choix!
Respect!

C'est au cours de l'année 2008 que les travaux s'achevèrent!
Le premier voyage eut ainsi lieu le 1er Novembre à 7h du mat.
C'était juste avant que les employés de l'hospice passent dans les chambres pour donner les petits déjs et médocs aux viocs.

Il était plus que temps de se faire la malle car ni Marcel ni Arsène ne pouvaient plus supporter l'ambiance mortelle de ces lieux qui servent d'antichambre aux futurs clamsés du cru.

Ah on ne peut pas dire que le départ fut discret.
Le temps qui, tout à l'heure, était au beau fixe au dessus de l'établissement 'les jolies roses Roses" se couvrit immédiatement de gigantesques nuages noirs zébrés d'éclairs.

Cela se produisit précisément au moment où Marcel composa la date et l'heure de destination.

Premier Septembre 1914, 8H du matin!

-Marcel! S'écria Arsène!


- Qu'est ce qu'il y a qui ne va pas, le minet?


-Tu es parti en "Charentaises", tu as oublié de mettre tes pompes. Quel étourdi, je vous jure!

-Laisse "béton l'matou . De toutes façons on est partis: c'est trop tard on ne peut plus revenir. Tu vois on a déjà dépassé 1968.

Mais pourquoi cette date du premier septembre 1914, 8H?

Que s'était-il donc passé de si important dans la vie de Marcel Paindragon pour qu'il souhaite à ce point y revenir?







 

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Marcel Paindragon et Arsène Minet

****
La même chose qu'ici à Matouland ou presque... ("cétinlien"  alors "cliqueti cliqueta"), La déco y  est différente (bientôt ce sera à jour.)..c'est le bordel sur matouland pour le moment ...."méçavapôdurer"...Promis!... Juré... SHHHHHH (craché)

(.la suite bientôt...peut-être...Ah....t'énerve pas ..tu te fais du mal..c'est mauvais pour le coeur....Pi C pô ma faute ..je passe mon temps à roupiller..;et j'ai tellement d'autres occupations..mais promis ça va viendre.)
****

 

03.04.2011

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Les deux voyageurs du temps avaient donc passé l'année 68 lorsque, s'approchant des années 50, ils eurent la quasi certitude d'être pris en chasse voire de se faire cannarder.

Arsène Minet se retourna et vit une autre machine à leurs trousses.
Il distingua rapidement la croix gammée et les casquettes des deux nazi à son bord.
Les balles ricochèrent sur l'engin de nos deux voyageurs.

-Marcel au secours.. ils nous cannardent! Je fais quoi maintenant?

- Panique pas le matou Je vais tenter de les semer. En attendant prend la mitraillette dans la malle et file leur la pâtée!!

- La mitraillette?.... On a une mitraillette?

- Ben oui l'matou! qu'est-ce que tu crois?....

....Je n'allais pas partir désarmé. Je les connais moi ces cocos là! Tu sais bien que pendant la seconde guerre mondiale, je les ai combattus dans la résistance. Dès l'instant où nous avons découvert la seconde machine ; j'ai pigé que nous allions avoir ces enfoirés aux trousses. Magne toi,  Arsène , au lieu de discutailler sinon ils vont finir par nous avoir.
Pas envie de me faire dézinguer maintenant: on a encore du chemin à parcourir.

En une fraction de seconde Arsène trouva la mitraillette de Marcel Paindragon. Il vérifia le chargeur puis commença dare dare à arroser la machine qui les suivait.
Soudain un hurlement résonna dans le continum espace/temps: Arsène venait de toucher les poursuivants.
Une épaisse fumée s'échappait maintenant de l'engin
Celui qui conduisait venait d'être atteint en plein dans l'oeil gauche et arrosait d'un puissant jet rouge toute la sphère temporelle qui se colorait en vermillon.
Ils tombèrent finalement aux alentours de 1951 et disparurent de la vue de nos deux voyageurs.

L'horizon était maintenant à nouveau clair.

- Bravo Arsène. Mais garde la sulfateuse avec toi! Je ne serais pas étonné que l'on ait à nouveau affaire à d'autres cocos verts de gris et à croix gammées de ce genre. Ils doivent occuper tout le continuum ces salauds. Faut pas fermer les yeux et rester vigilants. On n'est pas encore arrivés en 1914.

-Pour ce qui est de les avoir à l'oeil c'est déjà fait. J'ai touché le conducteur en plein dans l'oeil gauche Il pissait tout son sang quand ils ont disparu du continuum.

- J'ai vu, mais épargne moi les détails. Regarde plutôt dans la malle s'il n'y a pas une paire de pompes. Voyager dans le temps en charentaises.. ça ne le fait pas trop.

-Désolé Marcel ..il y a de tout dans ta malle sauf une paire de pompes!

La machine survolait maintenant les années quarante.
Une balle avait du atteindre le moteur de l'engin à voyager dans le temps car il faisait un bruit étrange, sursautait comme s'il avait le hoquet.

- Regarde Arsène ..on est en pleine seconde guerre mondiale. Partout sur la planète ça se bat contre l'oppression nazi. Imagine que dans le maquis du Vercors ; il y a un autre moi qui se bastonne avec ces salauds. Ah tiens.. j'en ai la larme à l'oeil.

-Eh Marcel.. tu ne vas pas nous jouer les sentimentaux maintenant.
Dis-moi plutôt pourquoi tu veux revenir au premier Septembre 1914. Il s'est passé quoi dans ta vie à cette date là?

La question resta une fois de plus sans réponse et se perdit dans le temps tandis que la machine vibrait maintenant de partout.


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Marcel Paindragon et Arsène Minet (Agence photo france matou)

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Hélas pour nos deux évadés ; l'attaque des deux nazis avait provoqué beaucoup plus de dégâts qu'ils ne le pensaient.
Depuis quelques minutes (relatives bien sûr car nos héros sont dans le continuum espace/temps . Il est évident qu'une minute là-bas ne peut avoir la même durée qu'ici.. C'est évident.. Non?) ...la machine zigzaguait méchamment, dangereusement, faisant au passage comme un bruit de boite de conserve ouverte dont on frotte le couvercle contre une vitre.

Oui, oui je sais: vous ne savez pas le bruit que cela fait.
Evidemment comme moi ;je suppose que vous n'avez pas l'habitude de frotter un couvercle de boite de conserve contre une vitre.
Donc vous ne savez pas ce que cela fait!
Ou bien alors faut consulter un psy et vous faire enfermer d'urgence.

Non, ne soyez pas bêtes: ne faites pas un essai pour voir!
C'est totalement stupide..
Allons le crabouif ; ne faites pas l'enfant!
Il vous suffit d'imaginer!

- Tu veux que je te dises Marcel? .. Eh ben, ça craint! Déclara Arsène Minet

- Ah merde!

- Quoi .. qu'est-ce" qui t'arrive encore?

- Mais tu ne vois pas l'matou ? Tu es "mirrot" ? Je viens de me coincer la barbe dans le le levier de commande du chronogire(**).

Au même moment la machine fit un tour sur elle-même puis à nouveau un demi tour.
Allez zou!... Retour vers le futur.
Sur le cadran à toutes birzingue s'affichaient de nouveau 1950, 51, 52..les dates s'affolaient à une vitesse vertigineuse: 2000, 2001... 2020..2050 etc...

-Aide moi Arsène, je ne maitrîse plus rien et ça me tire sur la couenne!

- Je suis obligé de te couper la barbe alors?

- Oui vite ! Prends les ciseaux dans la boite à outil! Magne toi ça m'arrache la "gueule"!

Arsène sorti rapidement les ciseaux et coupa nette la barbe de Marcel!

- Ouf ça va mieux.. Merci l'matou! Maintenant faut enlever les poils qui restent coincés dans le levier!

-Ouille ouille ouille Marcel! Regarde le cadran s'affole nous avons déjà dépassé 2100. C'est ce qu'on appelle un retour vers le futur!

- Nous allons devoir faire une halte d'urgence! Arsène prépare toi à l'atterissage . Faut réparer cette foutue machine de M...

L'engin tanguait et zigzaguait maintenant de plus en plus dangereusement.
Marcel et Arsène actionnèrent de toutes leur forces les freins de secours pour immobiliser la machine .
Ce n'est qu'au bout d'un long moment qui parut durer une éternité que l'engin se posa enfin à la verticale.

Le paysage semblait presque désertique et glacé.
Un matin d'automne avec peu de végétation visible nimbant dans une brume épaisse sous un ciel violacé. (Surprenant mais beau tout de même!)
Le cadran du chronogire affichait: 11 Octobre 2104... 8h45mn

Des ombres héberluées s'agitaient maintenant tout autour d'eux.
Une colonie d'éléphants de mer aux cheveux longs ..
Comment?
Mais oui parfaitement.. je maintiens:.. aux cheveux longs...
Si! C'est possible!
Dans les histoires tout est possible..même dans les histoires à la con comme la mienne...
Ah mais!
Et puis cessez de m'interrompre!

Une colonie d'éléphants de mer aux cheveux longs les encerclait ; poussant des cris appeurés par cette étrange apparition!

-Merde on est où là? hurla Marcel Paindragon

Une voix se fit entendre:

- Ach.. fous sètes au bôle Sute qui fut chadis le bôle Nord. Ach c'est le portel, le pôrtel dodal! Fous safez! La derre a supit une dransformazion en heurdant eineu énormeu médéoride fous safez! . Alors elle dourne maindenant tan l'audre zens! Ach! grand changeument ici. Blus de guerre ni de durie ici bas..blus de goubernebent..blus rien... C'est arrivé d'un goup ze merdier!

-Arsène ; sors vite la sulfateuse c'est un shleu qui parle. Sans doute un de ces enfoirés de nazi!

-Nein nein Ne direz bas. Che neu suis bas un nazi...D'ailleurs il y a longdemps qu'il n'y a blus de nazi!

- Si tu n'es pas un nazi... T'es qui alors? envoya Arsène!

- Oui c'est qui ce mec? Ajouta Marcel!
Ah faut pas me raconter des conneries ! Arsène passe moi la sulfateuse je vais te lui envoyer un faire part de ses propres obsèques à ce connard. D'abord t'es où le frigolin avec tout ces phoques autour de nous ; j'y vois goutte? Ah et puis fermez vos gueules les phoques!.. Vous n'avez pas fini de glousser comme ça...On ne s'entend plus ici!

- Ils ne gloussent pas et ce ne sont ni des dindes ni des phoques, Marcel, ce sont des éléphants de mer à cheveux longs! Affirma Arsène, sûr de lui.

- C'est pareil..puis d'abord qu'est-ce qu'ils foutent là dans ce putain de désert bizarre! Feraient mieux de passer chez le coiffeur. Zont l'air fins tiens! Me rappellent les hyppies des années soixante.. Approche le shleu que je vois ta binette!

- Fous me bromettez de ne bas me direr tezus? Che lèfe les mains en l'air, che n'ai pas d'arme!

- Vaudrait mieux pour toi sinon tu vas fissa rejoindre l'autre branque en colère dans son bunker qui doit ressembler depuis belle lurette à de la moussaka cramée ; si tu vois ce que je veux dire l'frigolin!

- Moi bas nazi, bas vrigolin du dout...Ach fraiment fous fous drombez!

- Poussez vous les phoques et fermez vos gueules on ne s'entend plus ici! Mais c'est qui ce mec ? Répéta une nouvelle fois Marcel.

Oui d'abord...c'est qui ce mec et que s'était-il donc passé réellement?

La planète aurait-elle vraiment changé son sens de rotation?






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(**) Chronogire: Appareil indispensable qui permet d'orienter l'engin dans le temps et l'espace.
Il est composé de trois parties:
Un cadran avec les dates (quelquefois aussi les lieux ..mais pas toujours..ça dépend des modèles.)
Un moteur inter-spatio-temporel synchronisateur.
Et enfin un levier qui permet de positionner l'engin sur une destination fixée à l'avance.
Si cet ensemble ne fonctionne pas correctement ..
Permettez-moi de vous le dire tout net: "vous êtes sacrément dans la merde!"

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Les évadés du temps: Marcel Paindragon et Arsène Minet

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Tandis que Marcel Paindragon brandissait toujours la sulfateuse en direction de la voix teutonne qui restait toujours invisible aux yeux de nos deux héros... Les éléphants de mer (à cheveux longs..)s'écartèrent pour laisser passer un individu de grande taille à la mine joviale et au sourire engageant.
Une main s'avança vers Marcel:

-Enjanté Herr Baindragon et Herr Minet cheu me prézonte: Franz.. Franz Chouvert!

- Chouvert, Franz Chouvert? Vous ne seriez pas musicien par hasard? Lança Arsène!

- Nein mais ch'ai un biano. Bourguoi fou me temantez ça?

- Heu pour rien.. votre nom..comme ça.. il me fait penser... C'est chouette si vous avez un piano.. Je vous jouerai une petite cantate si vous voulez.

- Salut le chleu.. eh dis comment se fait-il que tu connaisses notre blaze? Envoya à son tour Marcel!

- C'est gue fous êtes zélèpres tebuis fotre éfazion de l'ahauspice en 2008..Les chourneaux et même des thèsses on édé écrides à propos de fos foyaches . Cheu sais bresgue tout de fous!
On disait gue fous vaisiez un crand foyache dans le demps et gue vous aviez zigouillé les crands tignidaires nazi ki s'étaient gachés dans le kontinuum Ach! Z'est tonc frais alors?

- Oui peut-être enfin faut pas exagerer: Arsène a juste envoyé dans les pâquerettes un engin qui nous poursuivait à l'aide de la sulfateuse dont tu vas pouvoir mesurer l'efficacité si tu ne nous aides pas vite fait à descendre de ce bidule. Je ne sais pas si tu te rends compte! On est là à discutailler depuis une plombe alors qu'on a la tête en bas.

- Ach Cheu fous temante barton herr Bain!

- Appelle moi Marcel.. ça ira!

Aussitôt Franz s'éxécuta et aida nos deux voyageurs à sortir de leur vaisseau.. du moins ce qu'il en restait.
La machine était vraiment dans un sale état et le brusque atterrissage n'avait rien arrangé. .

Suivis d'une troupe d'éléphants de mers ; ils se dirigèrent ensuite vers ce qui semblait être l'habitation de Franz Chouvert.

-Pien sûr fous restez à décheuner!

- Ben t'es "con" ou quoi..où veux-tu qu'on aille? On est complètement paumés en plein 22ème siècle.

- Cheu plaizontais pien zur Herr Marcel!

-Plutôt que de dire des conneries: tu n'aurais pas un petit "gorgeon" pour commencer? J'ai le gosier à sec. Ajouta Marcel avec un sourire malicieux!

-Oui moi aussi! renchérit Arsène! Dis faut leur parler en quelle langue à tes bestioles hirsutes des pôles? .. Elles n'arrètent pas de promener leurs moustaches et de me flairer jusque dans mes parties les plus intimes . C'est vraiment très désagréable. Allez lâchez-moi.. Enfin quoi! En voilà des manières. Dis leur d'arrêter ça devient vraiment pénible

Arsène distribua des coups de griffes à la volée sans même attendre la réponse de Franz!
Esquivant rapidement les assauts du greffier: les éléphants de mer éclatèrent de rire.

-Ils savent rire? interrogea le matou.

- Foui foui je kombrends fous afez soif.. cheu fous apporte eine poudeilleu de fin fronçé fous m'en direz des noufelles!
Ya ya ils rient peaugoup.. Ils safent même barler quand ils feulent.. Hélas ze n'est bas zoufant ou pien zest bour tire des konneries! Fous gombrenez cheu m'ennuie barfois afec eux.heureussement que..

Franz ne termina pas sa phrase..se précipita à l'intérieur du bâtiment , disparu un court instant puis revint rapidement avec un plateau, une bouteille de vin rouge et quatre verres. Il était précédé par une élégante vieille dame. Sa beauté semblait figée à jamais sur son visage malgré le grand âge qui se lisait dans des plis sinueux autour de ses yeux rieurs!

- Merde s'exclama Marcel! Julie.. c'est toi? Ce n'est pas possible Julie?

-Mais oui Marcel c'est bien moi.. Tu ne m'embrasses pas?

- Heu si bien sûr .

Il s'éxécuta aussitôt avec délice et longuement la serra dans ses bras.

- Dis Marcel! C'est qui cette Julie? Glissa Arsène à l'oreille du vieux crabouif!

Oui d'abord..qui est cette Julie que Marcel semble connaître?

 

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Arsène et Marcel

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Marcel était vraiment bizarre depuis qu'il avait revu Julie.
Il ne parla pratiquement pas durant tout le repas et même beaucoup plus tard.
Il restait totalement muet
Ses yeux étaient plantés dans le regard de la vieille dame qui en faisait de même.
Un sourire crétin ornait en permanence le visage du vieux.

Franz raconta aux deux spationautes du temps, le siècle qui venait de s'écouler.
Il confirma que la terre depuis des siècles ne tournait pas dans le bon sens.

C'était pour cette raison qu'avant rien n'allait bien ici bas .

-On aurait pu nous prévenir avant qu'elle tournait à l'envers!
...n'avait pas manqué de faire observer Arsène Minet avec cette pointe d'ironie qu'on lui connaît!

Au début de l'année 2012 avait eu lieu le fameux cataclysme qui changea à tout jamais la donne sur la planète.
Une météorite géante heurta la terre sans que les armes pourtant tellement destructrices des crabouifs ne purent empêcher le terrible impact Cela précipita notre vieille "Môman" dans un cataclysme inimaginable et probablement semblable à celui qui vit la fin des dinosaures.
Beaucoup disparurent.
Des espèces entières végétales et animales furent à tout jamais détruites.
Des crabouifs par millions et tant d'autres animaux tellement plus utiles...

Toute une civilisation, un mode de vie orchestré par les humains/ crabouifs disparut en un clin d'oeil.
Les survivants animaux et crabouifs peu nombreux s'entraidèrent ensuite pour reconstruire après le désastre.

- Quelque chose aurait donc même changé dans la polarité des êtres?

-Oui herr Minet z'est pien bossible lui répondit Franz.

Aucune horloge ne fonctionnait , aucun signal radio, aucune transmission , plus d'internet, de téléphone...
Les blings blings à Rollex furent eux aussi anéantis y compris ceux qui se planquaient dans leurs palais (si vous voyez de qui...)

En tout cas tout était différent désormais.

- Nous ne bensons blus de la même façon, expliquait Franz!
Même avec les autres êtres qui beuplent encore la blanète: tout est changé.
Blus de karnivores, blus bersonne ne mange de viante ni d'animaux morts.

- Je trouve ça un petit peu emmerdant parce que justement il se trouve que je suis un petit peu carnivore..voyez-vous?. C'est bien gentil tout ça , ajouta Arsène, et les nazis qui sont réfugiés dans le continuum qu'est ce que tu en fais..?

-Rien fous nous avez déparrassés des terniers. Dans votre prochain foyage fous allez derminer l'poulot, che leu zais!. Ici ils ont dous tisparu comme par magie abrès l'impact.

- Tu entends ça Marcel?.. On nage en plein délire là! C'est totalement impossible... Comment sais-tu qu'on va faire un truc qu'on n'a pas encore fait, d'abord? Et qui te dit qu'on va les croiser à nouveau sur notre route?! Moi au fond je ne vois pas de grand changement à première vue sinon cette lumière bizarre un peu violette qui remplace la lumière du soleil habituel..Oui bon il y a tes "chevelus des glaces" mal élevés et la végétation qui a un peu changé mais pas de quoi en faire un fromage. De bizarre il y a bien ton accent schleu que je trouve tout de même un peu appuyé.. si tu veux mon avis!

- En abbarence Arsène, en abbarence zeulement .Cheu fous azzure. Blus rien n'est gomme afant.

- Oh oh Marcel..tu entends ce qu'il raconte? Hou hou..t'es où là? Marcel!..Je te parle!

Le vieil homme restait avec son sourire béat, toujours le regard planté dans les yeux de sa Julie !

- Oui oui..je t'entends Arsène ; ne râle pas dit-il très calmement!

- Marcel c'est bien toi, je ne te reconnais plus? C'est quoi ce merdier vous me l'avez drogué ou quoi? Tu as une veine du cerveau qui vient de péter ? Tu nous fais un AVC c'est ça.. dis?

- Mais non Arsène! C'est beaucoup plus simple..Je suis amoureux..amoureux comme au premier jour..comme la première fois..Je viens de retrouver la seule femme que je n'ai jamais aimé de toute ma vie depuis l'école maternelle. Nous ne nous sommes jamais revu depuis le 1er Septembre 1914 ; jour où ses parents sont partis pour les USA. Elle non plus ne m'a pas oublié.. C'est extraordinaire!

- Ah c'était donc ça la date? On a fait ce voyage à la con pour retrouver ta Julie et avoir son adresse aux USA?..Ton premier amour en somme? Et au lieu de la retrouver dans le passé on la retrouve dans le futur!
C'est tellement évident!
Je reprendrais bien un verre, Franz, je me sens bizarre tout à coup. Mais quel bordel cette histoire à la con!

- Mais alors Julie.. Franz est ton mari? interrogea Marcel soudain inquiet!

- Mais non que vas-tu chercher vieux fou. Franz est mon demi-frère.
Ma famille est d'origine Germanique et nous avons fuis au tout début de la première guerre mondiale pour échapper au conflit. Moi non plus Marcel je ne t'ai jamais oublié.

- Pourtant si je ne me trompe, interrompit Arsène, vous avez dû changer un chouilla en presque deux siècles.
Mais arrêtez-moi si je dis des conneries. Pas possible! Cette histoire devient de plus en plus "branque"...
( Eh dis Max... Tu as l'intention de nous faire raconter encore beaucoup de conneries de ce genre? Ah reparlez moi de l'évasion temporelle selon Max Crabouif et je vous colle un...!)

- Le regard du coeur mon petit Arsène , le regard du coeur. A nos yeux nous n'avons pas changé d'un "yota" ni l'un ni l'autre. Répondit Marcel avec l'air niais qu'il ne quittait plus désormais!


Arsène se précipita sur son verre, le vida d'un trait et s'en servit aussitôt un autre!

-J'ai comme un coup de fatigue tout à coup. Dis, Franz, pour pioncer ..il y a un endroit pour nous?

- Bais oui pien zur.. Zuis-je pète! Fous zètes vatikés..z'est évitent abrès un del foyache. Cheu fais fous mondrer fotre jampre mon bedit Arsène. cheu fous exbliquerais demain comment nous avons tous arrêté de Fieillir

- Ya ya! Drop aibaple herr Franz..
Voilà ça y est: je commence à débloquer moi aussi.
Faut que je pionce.
J'ai du retard là ; au moins un siècle, sans déconner!
Je suis aussi un peu pété pour tout vous dire!
Dis, Franz, tu crois qu'on va pouvoir réparer notre engin dans l'état où il est? ..
C'est qu'on a encore du chemin à faire, tu sais!

- Ya ya ; cheu fous ferais foir temain! Reposez-fous.. ponne nuit Arsène Minet!

- Oui c'est ça Ponne nuit Franz! Merde il est vraiment contagieux son accent à la con


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Arsène Minet et Marcel Paindragon

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Tout ça n'est vraiment pas sérieux se disait Arsène Minet sur le point de sombrer dans un profond sommeil.
Non ce n'est pas sérieux du tout.
Du grand "n'importe naouak".
Il sombra dans les bras de Morphée au milieu des images qui parcouraient en désordre sa mémoire.

Les dernières heures passées dans la machine spatiale puis cet aterrissage dans cet endroit improbable avec ces animaux à cheveux longs tout aussi incroyables que ce Franz Chouvert et sa soeur Julie grand amour d'enfance de Marcel: non vraiment tout cela ne devait être qu'un mauvais rêve.
Si ça se trouve il dormait paisiblement près du vieux crabouif.
Ils n'avaient pas quitté "la villa des roses roses".

Arsène tenta un instant d'ouvrir les yeux pour vérifier mais impossible, il était trop épuisé.
Tandis que les images lui revenaient en pagaille, se mélangeaient dans sa petite cervelle ; Marcel, Franz et Julie restaient sur la terrasse admirant le ciel qui maintenant tournait au violet profond alors que la nuit pôlaire s'installait silencieuse et froide.

Les deux vieillards amoureux s'étaient doucement rapprochés, puis enlacés tendrement .

Franz se senti de trop dans le décor.
Rompant le silence: il finit par déclarer:

- Pon! Z'est pas que che m'ennuie les zamoureux mais il se vait dard! Che fous laisse.
Ponne nuit! Chulie: inudile que che te temante de t'occuper d'installer nodre ami dans ses appartements je suppoze? Fous n'avez pesoin de rien?

- Non mon cher Franz tout va bien. Je m'occupe de Marcel : tu peux aller te coucher! Bonne nuit!

- Ya ya, ponne nuit!

-Bonne nuit Franz conclu à son tour Marcel.

Les deux vieillards vécurent cette nuit là leur première nuit d'amour attendue depuis presque deux siècles.
Elle fut en tout point semblable à leurs espérances et aux images que leurs imaginations avaient construits de ces merveilleux instants.
L'amour d'enfance de Marcel et Julie prenait enfin vie dans le réel.
Leurs corps avaient vieilli mais leur jeunesse intérieure donna le change...
Ce n'est que très tard qu'ils s'abandonnèrent enfin au sommeil enlacés dans les bras l'un de l'autre.

Les heures passèrent dans le calme de la nuit pôlaire

A peine le jour venait-il de se lever qu'un énorme miaulement salua cette nouvelle journée.
Mèèèèèèèaaaaaaaaouuuuuuuu!!!

C'était Arsène Minet réveillé brusquement par un hirsute qui était en train de lécher ses parties intimes.
Tout ses poils se hérissèrent d'un coup.

-Mais il est en train de me lécher "le cul", ce con!

Il s'agrippa à la face étonnée de l'animal ; lui envoya de gigantesques coups de griffes répétés puis s'écarta de la bestiole qui, une fois de plus, éclatait de rire.

- Moi ça ne me fait pas rire du tout. Espèce d'obsédé! Sale vicelard de gros phoque des pôles mal peigné!

Ainsi tout était bien réel.
Arsène n'avait donc pas rêvé: il était bien dans le futur.
Dans un lieu inconnu, sur sa propre planète qui tournait à l'envers.

Mis à part le lourdeau qui lui faisait une "léchouille": toute la maison dormait encore.
Arsène entreprit de visiter la somptueuse demeure puis ensuite après avoir déjeuné ; il irait dehors inspecter les lieux.

Il cracha à la manière des matoux en direction de l'animal qui se bidonnait toujours sur le lit d'Arsène.
SHHHHHHHHHHHHHHHHH

- Espèce de crétin des alpes s'écria Arsène!

- On n'est pas dans les alpes on est aux pôles mon petit Paul!!! Hochon, vous vous appelez Paul Hochon!!!! Lui répondit le chevelu ; à nouveau secoué d'un puissant fou rire!

-Très drôle! Non, moi c'est Arsène ; Arsène Minet pas Paul Hochon espèce de dégénéré. Complètement branques ces mecs.. se dit-il en s'éloignant

La maison éclairée par le jour était somptueuse: un mélange de tous les styles des siècles passés s'offrait au regard du visiteur..
Les meubles et les décors avaient été récupérés par Franz et sa soeur Julie dans des musées et des palaces après le grand chambardement de 2012.

Arsène va-t'il encore faire d'étonnantes découvertes?
C'est plus que probable..mais lesquelles?
Quelle péripéties attendent encore nos deux spationautes?

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(**)
Franz avait bien fait les choses.
Le petit déjeuner des deux voyageurs était prêt depuis la veille.
C'est l'une de ces bestioles hirsutes qui l'accueillit dans la salle à manger.

Sa tenue était celle d'un maître d'hotel comme on en voyait autrefois dans les palaces.
Autant les domestiques de ces prestigieux Hotels étaient-ils stylés qu'un tel accoutrement sur un éléphant de mer paraissait totalement ridicule.

Néanmoins Arsène ne fit pas la moindre réflexion.
Il se sentit très mal à l'aise lorsqu'il reconnut parfaitement celui qui, quelques minutes plus tôt, s'était livré à un débordement qui l'avait mis en colère pour la journée.

Le jeune matou fit pourtant comme si de rien n'était.
L'autre manifestait par son regard cette lubricité qui définitivement inquiétait et mettait Arsène mal à l'aise.

Vraiment des dégénérés, de grands malades pensait-il!
Il s'empressa de prendre une légère collation puis parti rapidement à la découverte de l'extérieur de la propriété.

Il devait être tôt car tout semblait endormi.
La brume qui les avait accueillit la veille recouvrait à nouveau le paysage.
Arsène ne vit pas grand chose finalement car l'épais brouillard baignait tout l'espace lui donnant un aspect cotonneux et opaque jusqu'à l'horizon invisible.
Arsène avança prudemment dans cet étrange paysage.
Soudain il heurta quelque chose de très dur.

- Espèce de connard..tu ne peux pas faire attention. T'es bigleux ou quoi?

- Excusez-moi.. je ne vois rien, répondit le matou.

Il distingua une énorme tortue qui l'observait des pieds à la tête.

- Tu n'as qu'à porter des lunettes pauvre "branque". Attends que je te regardes un peu. Ah mais tout s'explique: j'ai sans doute affaire à l'un des voyageurs arrivés hier. Vous devez être le célèbre Arsène Minet, n'est-ce pas? Pardonne moi, l'ami: je me présente Ernestine Latortue "en un seul mot".

-Heu! enchanté Ernestine Latortue "en un seul mot". Oui je suis Arsène Minet mais pas vraiment célèbre. Je vous prie de m'excuser, je ne vous ai pas fait mal au moins?


- Mais non mon minouchet, j'ai un sale caractère c'est tout. Allez "laisse béton" l'incident est clos!
Surtout je n'aime pas être bousculée, tu comprends?

- Oui Madame! je ferai "gaffe " la prochaine fois.

- J'espère bien. Cela te dirait de faire un petit tour sur mon dos, je pourrais te faire visiter?.


-Heu je ne sais pas je ne voudrais pas vous déranger dans vos occupations!

- Mais non tu ne me déranges pas du tout Arsène , bien au contraire.
Depuis que je suis ici je glande presque du matin au soir. La plupart du temps je m'emmerde ferme.
J'ai très peu de clients. Ils me trouvent trop lente!

- Des clients?

- Eh oui pardi. Tu n'as pas encore compris que je fais Taxi? Le fauteuil et le parasol sur ma carapace tu crois que c'est pour faire joli?

Non Arsène n'avait pas compris.
Une tortue qui fait Taxi avec un parasol et un fauteuil sur le dos!
Vraiment rien ne tournait comme il faut dans cette histoire.
Il sentait obscurément que la journée qui commençait allait lui réserver un paquet de surprises.

- Alors c'est oui lança Ernestine?

- Heu! je ne sais pas.. Bon d'accord mais je ne voudrais pas..

- Allez zou pas de temps à perdre: grimpe, installe toi et boucle là!..

- Quoi?

- La ceinture! Boucle ta ceinture! Tu ne serais pas un peu dur de la feuille toi?
Nous devrons attendre que le brouillard se retire un peu pour atteindre la vitesse de croisière.

La vitesse de croisière?
On croit rêver.
C'est du délire total, je rêve ou bien je devient complètement dingo, pensait Arsène.!

Après les éléphants de mer lubriques à cheveux longs, les tortues qui font taxi: on pouvait s'attendre à tout... même au pire.



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(**) En photo: l'ancètre d'Ernestine Latortue (en un seul mot) transportant un jeune matou.

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Enfin: le brouillard violacé se dissipa.
Arsène découvrit un paysage du début des temps. Pas du tout le désert violacé qu'il avait semblé aux deux voyageurs mais la réplique exacte du paradis terrestre tant représenté par les peintres classiques, ou presque.

A cette nuance près que la nature n'était pas figée mais en continuel mouvement.
Etait-ce dû au changement de sens de la rotation terrestre? Toute la vie semblait apparaître en mouvement permanent .
Les animaux et tout ce qui vivait ici semblait en harmonie.
En harmonie peut-être mais tous semblaient totalement frapadingues.

Soudain la monture d'Arsène sembla décoller du sol.
Pas possible qu'un poids aussi lourd que cette tortue géante ainsi harnachée s'échappe de la pesanteur terrestre.
Non il ne devait pas être réveillé, ce n'était qu'une hallucination.

- Accroche-toi le matou... j'ai mis en route les boosters et je déploie les ailes..ça va décoiffer méchant annonça soudain Ernestine.

- Les boosters, les ailes ?

- Ben oui! Comment crois-tu sinon que je puisse atteindre la vitesse de croisière? Me faut bien avoir des ailes et les boosters qui vont avec.
C'est ça le progrès mon minouchet. Bien plus écolo que les avions du passé hein?

Effectivement Ernestine et son passager survolaient maintenant le paysage à une attitude raisonnable.

- C'est beau non? Interrogea Ernestine!

- Heu..oui..magnifique répondit Arsène complètement sidéré par ce qu'il vivait et voyait.

Comment la planète avait-elle pu changer à ce point?
Ils avaient quitté une époque totalement chaotique et se retrouvaient maintenant dans un véritable paradis peuplé d'animaux et de crabouifs tous résolument givrés à enfermer mais un vrai paradis.

Emerveillé ; Arsène n'en croyait pas ses yeux en découvrant ces superbes bâtisses toutes aussi belles les unes que les autres, parfaitement intégrées au paysage .

Il vit des crabouifs et des animaux faire leur marché, d'autres en peine discussion.
C'est louche tout de même..se disait Arsène.. je vais me réveiller et me prendre un gros revers à travers la tronche
D'ailleurs ça se passe toujours comme cela à la fin des rêves.

Le problème c'est qu'il ne rêvait pas et que tout tournait à peu près rond ici bas à cette nuance près qu'il règnait un vent de folie généralisé et permanent
Autrefois tout semblait fonctionner selon une polarité essentiellement négative.
Il fallait souvent détruire ou tuer pour survivre.
Maintenant c'était l'inverse .
Le monde fonctionnait avec une positivité tellement tapageuse que cela mis Arsène en colère.

- C'est quoi ce bordel? s'écria Arsène!

- Que se passe t'il mon minet, tu as des problèmes? Tu es trop secoué?

- Non pas moi..plutôt la planète qui est devenue totalement dingue?

- Tu es sûr que tu te sens bien Arsène? Sans doute le décalage temporel qui te perturbe encore.
Veux-tu qu'on se pose et qu'on aille taper la discute au troquet devant une bonne salade et un bon verre?

- Oui je veux bien ! Je voudrais comprendre !

Mais est-ce compréhensible, pour un jeune matou qui toute sa vie n'aura connu qu'adversité mis à part Marcel?
Ernestine saura-t'elle expliquer son monde à Arsène?

Finalement y a -t'il quelque chose à expliquer?
Y a-t'il réponse à ces questions ?

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Ernestine et Arsène vinrent se poser près d'une vaste bâtisse où en terrasse des dizaines d'animaux de toutes sortes étaient installés eux aussi à "taper la discute" devant un bon verre ou un bon petit plat.

Arsène n'en croyait toujours pas ses yeux.
Il y avait une paix incroyable ici.
Pas de bruit dissonant.
Une douce musique s'échappant de l'intérieur vint chatouiller ses oreilles.

Ernestine abandonna sa coquille et vint s'installer autour d'une table face à Arsène après s'être glissée dans une épaisse fourrure synthétique!

- Je suis un peu frileuse le matin, déclara Ernestine.

- Tu peux quitter ta coquille? Je croyais..

- Eh oui, nous aussi on a évolué, qu'est-ce que tu crois? Des siècles qu'on se trimballait cette foutue coquille sur le dos! Il était temps que cela change, non?

- Mais alors dis-moi puisque tout semble chamboulé: les crabouifs ne font plus règner la terreur sur la planète?

- Les humains tu veux dire? Oui depuis le grand chambardement ils se sont calmés.Je ne dis pas que cela a été facile pour eux. Ils se croyaient les maîtres du monde. Il leur a fallu du temps pour piger qu'ils n'étaient pas seuls et que ce monde devait être partagé entre tous ceux qui y vivent.

Ernestine expliqua longuement ces transformations improbables à Arsène qui n'en croyait pas ses oreilles.
Tout n'était certes pas parfait car il y avait encore des réminiscences des anciens temps.

Certains crabouifs, les plus riches, avaient fuit la planète juste avant la grande collision dans des vaisseaux spatiaux qui finirent, selon certains, dans un trou noir.
Nul ne savait s'ils avaient survécu et d'ailleurs tout le monde s'en fichait totalement.
Les plus nuisibles avaient donc débarrassé le plancher!

On ne garda que l'essentiel des anciennes sociétés.
Tout fut recyclé pour fabriquer de nouveaux objets plus utiles et conformes au nouveau mode de vie.
Une sorte de monde idéal où tous les animaux parlaient un même langage audible par tous et agissaient sur un pied d'égalité ou presque.

- Mais ce n'est pas possible protesta Arsène.
Plusieurs millénaires d'évolution totalement inversées en à peine un siècle..
Cela ne se peut pas.

- Et si, mon Minouchet c'est pourtant la vérité. Quand la planète a recommencé à tourner après la collision: ceux qui avaient survécu se trouvèrent totalement changés et nos évolutions se sont inversées positivement. Il fallait bien nous entraider pour reconstruire. Tu piges mon Minouchet.

Arsène trouvait le ton d'Ernestine un peu trop condescendant à son goût.. Elle commençait à "les lui briser menu" avec ses "mon Minouchet" par ci "mon Minouchet" par là.
Néanmoins il se retint de faire la moindre réflexion.
Elle n'était pas totalement antipathique finalement.
Juste un peu énervante avec sa manière arrogante de s'exprimer genre Mme "je sais tout et je me la pète un max".
Il l'écoutait tout en observant autour de lui.

Lui-même était observé à son tour par d'autres animaux dont des matoux, des crabouifs, des ours, et aussi des éléphants de mer à cheveux longs.
Depuis son réveil surprise il se méfiait de ces derniers.
Soudain il croisa le regard d'un groupe hilare de ces bestioles qui le dévisageaient.
Ils lui firent un clin d'oeil suggestif et salace!

- Dis Ernestine les phoques mal peignés, seraient pas un peu obsédés ces dégénérés?

- Ah ben si... c'est des sexuels ces gugusses. Faut t'en méfier sinon tu passes fissa à la casserole.

- Tu veux dire qu'ils bouffent les chats?

- Mais non sexuellement ... Je te l'ai dit: plus personne ne bouffe plus personne. Par contre côté sexe ils n'ont aucune limite. Tu as l'air d'avoir le "ticket " avec eux. Je serais toi: je me méfierais.

-Merci j'avais compris...Ils doivent plutôt descendre du cochon que du phoque ; si tu veux mon avis.

- Oh tu sais ça se pourrait.. Ils forniquent avec n'importe qui! Du coup ils sont un peu givrés et dégénérés mais pas méchants au fond! Juste un peu crades. N'y fais pas attention ; ils vont se lasser si tu ne les regardes pas.

- Je me demandes ce que fait Marcel interrogea Arsène?. Tu crois qu'il est réveillé?

- Oh il doit roucouler dans les bras de sa Julie!

-Toi aussi tu es au courant ? Alors tout le monde sait tout sur tout le monde ici?

- Oui la plupart du temps! Les nouvelles vont très vite ; nous ne sommes pas très nombreux ici. Dans d'autres lieux ils sont beaucoup plus.

- Il y a d'autres villes?

- Evidemment mais pas des villes comme on l'entendait dans les anciens temps mais un lieu où tout le monde se regroupe pour vivre ensemble.

Décidément Arsène allait de surprise en surprise!...

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Alors qu'Arsène et Ernestine discutaient paisiblement à la terrasse du "Troquet des pôles..mon petit Paul" ; Marcel et Julie s'étaient éveillés tout doucement de leur première nuit d'amour.

Ils prenaient maintenant leur petit déjeuner à la terrasse de la grande bâtisse familiale.
Tout ce qu'avait appris Arsène par Ernestine ; Marcel l'obtint à son tour de la bouche de Julie.
Le vieux qui n'était pas né de la dernière pluie, comme on dit, questionna longuement sa chérie retrouvée.

Etait-il possible qu'enfin cette foutue planète trouva la paix?
Des millénaires n'avaient pas suffit pour retrouver le "paradis perdu" dont parlaient les anciennes écritures auxquelles il n'avait jamais cru
finalement.
Un paradis était-il envisageable: "avec tout ces cons qui peuplent la planète" pensait-il?
Ou alors c'est un paradis de cons!

C'est vrai ..ils n'ont pu disparaître du jour au lendemain pensait Marcel ..il y en avait trop!
Et comme dit la chanson: "quand on est con... on est con".
Ne serait-ce que ces connards de phoques à cheveux longs...
Ils représentaient à eux seuls de magnifiques spécimens.

Même si la planète tournait à l'envers un monde sans cons lui paraissait totalement improbable.
Il en eut la confirmation lorsqu'il vit deux de ces bestioles en train de forniquer derrière un rideau!

- Ah non hurla Franz bas terrière les riteaux ..il y a des lits bour faire za..non mais!

Les deux fornicateurs disparurent en riant!

- Ach..mon paufre Marzel... hélas dout n'est bas abzolument barvait..fous safez!

-Oui je vois répondit le vieux avec un sourire moqueur!

Non mais quels cons pensait-il!
Il se sentait comme soulagé..il y avait bien toujours des abrutis.

Même un monde idéal ne pouvait se passer d'eux..ils font parti du décor de la planète et ...le temps ne fait rien à l'affaire....

Il regardait à nouveau Julie, plongeait dans ses deux petites perles bleues.
Les yeux de la jeune fille ne l'avaient jamais quitté toutes ces années.
Ses souvenirs les avaient maintenu intacts aussi précisément qu'au premier jour de leur rencontre à l'école maternelle.

Chaque nuit elle était venue lui tenir compagnie dans ses rêves .
Enfin elle était là en chair et en os toujours amoureuse de son vieil ami d'enfance.
Ce devait être ça le bonheur.
Celui que la vie lui avait refusé jusqu'à présent

Enfin lui, Marcel Paindragon, avait droit à sa part de bonheur.
Le nouveau monde pouvait bien être à nouveau remplit de cons il s'en fichait.
Il nageait dans une douce euphorie...flottait sur un nuage comme un jeune adolescent.

Tout de même sont pas fins ces phoques pensait-il!

Julie se sentait à nouveau une jeune fille. Elle se trouva même belle en se regardant dans le petit miroir qu'elle sorti discrètement de sa poche.
Etait-ce possible?
Elle se trouvait rajeunie d'au moins cinquante ans!

Oui elle était heureuse , d'être autant aimée après tant de temps!
Ce bonheur n'aura pas de fin se disaient-ils secrètement !

Marcel faillit tomber à la renverse lorsqu'il aperçu Ernestine qui s'apprétait à atterrir devant eux avec Arsène confortablement installé sur son dos.

- Ach che fois que nodre ami Arsène a fait connaissance afec Ernestine Latortue (en un seul mot) nodre Taxi local.

- Une tortue volante s'écria Marcel..voilà qui n'est pas banal Elle fait Taxi en plus?.. On aura tout vu! tiens je vais me jeter un petit gorgeon pour arroser ça!

-Elle a même des ailes et des boosters confirma Arsène...

- Ben ça promet! Salut Ernestine..Enchanté!

- Enchanté Monsieur Marcel! C'est un vrai plaisir pour moi que de faire enfin votre connaissance!

-Tu as vu elle est sympa ..pour une tortue..glissa Arsène

En guise de réponse: Marcel hocha la tête, fit un clin d'oeil complice à son compagnon et vida son verre!

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J'ai remis ça dans un ordre chronologique: plus pratique!

Peut être la deuxième partie prochainement!
On verra..

(quel suspens..non?)

 

Publié dans lesblablasdematouland

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